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EXPULSION DES ANGLAIS

étrangères. Clément se sauva en France, à Avignon. Voilà deux papes, l’un à Avignon, l’autre à Rome, se bravant et s’excommuniant l’un l’autre.

On ne pouvait attendre que la France et les États qui en suivaient alors l’impulsion (Écosse, Navarre et Castille) se laisseraient facilement déposséder de la papauté. Charles V reconnut Clément. Il pensa sans doute que, quand même toute l’Europe eût été pour Urbain, il valait mieux pour lui avoir un pape français, une sorte de patriarche dont il disposât. Cette politique égoïste lui fut amèrement reprochée. On considéra tous les malheurs qui suivirent, la folie de Charles VI, les victoires des Anglais, comme une punition du ciel[1].

On assure que les cardinaux français avaient eu d’abord l’idée de faire pape Charles V lui-même. Il aurait refusé, comme infirme d’un bras, et ne pouvant célébrer la messe[2].

Ce ne fut pas sans peine que le roi amena l’Université à se décider en faveur de Clément. Les facultés de droit et de médecine étaient sans difficulté pour le pape du roi. Mais celle des arts, composée de quatre nations, ne s’accordait pas avec elle-même. Les nations française et normande étaient pour Clément VII ; la picarde et l’anglaise demandaient la neutralité. L’Université, ne pouvant arriver à un vote unanime, sup-

  1. « Ô quel flayel ! ô quel douloureux meschief, qui encore dure ! », etc. (Christ. de Pisan.) App. 270.
  2. Lenfant, Conc. de Pise. — « Cependant il montrait tous les ans de ses mains la vraie croix au peuple à la Sainte-Chapelle, comme l’avait fait saint Louis. » (Christ. de Pisan.)