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HISTOIRE DE FRANCE

pliait qu’on lui donnât du temps. Le roi prit tout sur lui. Il écrivit de Beauté-sur-Marne qu’il avait des informations suffisantes : « Le pape Clément VII est vray pasteur de l’Église universelle… Se vous mettez ce en refus ou délay, vous nous ferez déplaisir[1]. »

Charles V agit en cette occasion avec une vivacité qui ne lui était pas ordinaire. Il semble qu’il ait été honteux et aigri de n’avoir pas prévu.

Il aurait bien voulu gagner à son pape la Flandre, et par elle l’Angleterre. Il fit dire au comte de Flandre qu’Urbain parlait fort mal des Anglais, qu’il avait dit que d’après leur conduite à l’égard du Saint-Siège il les tenait pour hérétiques. La Flandre et l’Angleterre n’en reconnurent pas moins le pape de Rome en haine de celui d’Avignon. Urbain avait déjà l’Italie. L’Allemagne, la Hongrie, l’Aragon, embrassèrent son parti. Les deux saintes populaires, sainte Catherine de Sienne et sainte Catherine de Suède, le reconnurent, ainsi que l’infant Pierre d’Aragon, qu’on tenait aussi pour un saint homme. On demanda, chose inouïe, une consultation au plus fameux jurisconsulte du temps sur l’élection du pape ; Baldus décida que l’élection d’Urbain était bonne et valable, disant, avec assez d’apparence, que, si l’élection avait pu être contrainte, les cardinaux n’en étaient pas moins revenus d’eux-mêmes après le tumulte et qu’ils avaient intronisé Urbain en pleine liberté.

Un événement impossible à prévoir avait mis presque

  1. Bulæus.