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HISTOIRE DE FRANCE

français Clément VII, et livré par lui au bailli de Mâcon, qui le fit mourir, au grand chagrin de Duguesclin. Les parents du Breton étant venus se plaindre et affirmant son innocence, le roi dit froidement : « S’il est mort innocent, la chose est moins fâcheuse pour vous autres ; c’est tant mieux pour son âme et pour votre honneur. »

Les Bretons étaient Français contre l’Angleterre, mais Bretons avant tout. Leur duc voulait les livrer aux Anglais, ils l’avaient chassé. Le roi voulant les réunir à la couronne, ils chassèrent le roi.

Le 5 avril 1378, Montfort s’était engagé à ouvrir aux Anglais le château de Brest. Le 20 juin, le roi l’ajourna à comparaître en parlement, puis le fit condamner par défaut. La procédure fut étrange. On assigna le duc à Rennes et à Nantes, tandis qu’il était en Flandre. On ne lui donna pas de sauf-conduit. Plusieurs pairs ne voulurent point siéger au jugement. Le roi parla lui-même contre son vassal, et conclut à la confiscation. Si le duché était enlevé à Montfort, il aurait dû revenir à la maison de Blois, conformément au traité de Guérande, que le roi avait garanti.

Dire à la vieille Bretagne que désormais elle ne serait plus qu’une province de France, une dépendance du domaine, c’était une chose hardie, et aussi une ingratitude, après ce que les Bretons avaient fait pour chasser l’Anglais. Le froid et égoïste prince ne connaissait pas évidemment le peuple auquel il avait affaire, et il ne pouvait le connaître ; il y a des ignorances sans remède, celles du cœur.