Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 3.djvu/413

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
403
EXPULSION DES ANGLAIS

Les Bretons, nobles et paysans, étaient déjà mal disposés. Le connétable Duguesclin, dans ses guerres de Bretagne, n’avait pas ménagé ses compatriotes. Il les avait frappés d’un fouage de vingt sous par feu ; il avait défendu les affranchissements et rétabli la servitude de mainmorte, abolie par le duc. Le premier acte du gouvernement royal fut l’établissement de la gabelle. La Bretagne arma.

Les bourgeois armèrent comme les nobles. Ceux de Rennes s’associèrent expressément aux barons, et jurèrent de vivre et mourir pour la défense commune. Le duc, revenant d’Angleterre, fut accueilli avec transport par ceux même qui l’avaient chassé. On ne se souvint plus s’il était Blois ou Montfort ; c’était le duc de Bretagne. Lorsqu’il débarqua près de Saint-Malo, tous les barons, tout le peuple l’attendaient sur le rivage ; plusieurs entrèrent dans l’eau et s’y mirent à genoux. Jeanne de Blois, elle-même, vint le féliciter à Dinan, la veuve de Charles de Blois, de celui qu’il avait tué.

Les meilleurs capitaines que le roi pouvait employer contre la Bretagne étaient des Bretons. Clisson parut devant Nantes ; mais il ne put s’empêcher de dire aux gens de la ville qu’ils feraient sagement de ne laisser entrer chez eux personne qui fut plus fort qu’eux. Duguesclin et Clisson se rendirent à l’armée que le duc d’Anjou rassemblait. Mais, à la première approche d’une troupe bretonne, cette armée se dissipa[1]. Le duc d’Anjou fut réduit à demander une trêve.

  1. App. 272.