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HISTOIRE DE FRANCE

d’amasser dix-sept millions. Il avait caché ce trésor à Vincennes, dans l’épaisseur d’un mur ; mais son fils n’en profita pas.

Le roi se croyait sûr des bourgeois. Il avait confirmé et augmenté les privilèges de toutes les villes qui quittaient le parti anglais. Il avait défendu que les hôtels de ses frères servissent d’asile aux criminels, et soumis ces hôtels à la juridiction du prévôt. Conformément aux remontrances du parlement de Paris, il l’autorisa à rendre ses arrêts sans délai, nonobstant toutes lettres royaux à ce contraires[1]. Il permit aux bourgeois de Paris d’acquérir des fiefs au même titre que les nobles, et de porter les mêmes ornements que les chevaliers. Le roi créait ainsi au centre du royaume une noblesse roturière qui devait avilir l’autre en l’imitant. Toutes les terres de l’Ile-de-France allaient peu à peu se trouver entre des mains bourgeoises, c’est-à-dire dans la dépendance plus immédiate du roi.

Ces avantages lointains ne balançaient pas les maux présents. Le peuple n’en pouvait plus. Les taxes étaient d’autant plus fortes que le roi, dès le commencement de son règne, s’était sagement interdit toute altération des monnaies. Je ne sais si cette dernière forme d’impôt n’était pas regrettée ; à une époque où il y avait peu de commerce, et où les rentes féodales se payaient généralement en nature, l’altération des monnaies frappait peu de personnes, et seulement les gens

  1. Ordonn., V.