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APPENDICE



L’ère nationale de la France est le quatorzième siècle. Les États généraux, le Parlement, toutes nos grandes institutions, commencent ou se régularisent. La bourgeoisie apparaît dans la révolution de Marcel, le paysan dans la Jacquerie, la France elle-même dans la guerre des Anglais.

Cette locution : Un bon Français, date du quatorzième siècle.

Jusqu’ici la France était moins France que chrétienté. Dominée, ainsi que tous les autres États, par la féodalité et par l’Église, elle restait obscure et comme perdue dans ces grandes ombres… Le jour venant peu à peu, elle commence à s’entrevoir elle-même.

Sortie à peine de cette nuit poétique du moyen âge, elle est déjà ce que vous la voyez : peuple, prose, esprit critique, anti-symbolique.

Aux prêtres, aux chevaliers, succèdent les légistes ; après la foi, la loi.

Le petit-fils de saint Louis met la main sur le pape et détruit le Temple. La chevalerie, cette autre religion, meurt à Courtrai, à Créci, à Poitiers.

À l’épopée succède la chronique. Une littérature se forme, déjà moderne et prosaïque, mais vraiment française : point de symboles, peu d’images ; ce n’est que grâce et mouvement.

Notre vieux droit avait quelques symboles, quelques formules poétiques. Cette poésie ne comparaît pas impunément au tribunal des légistes. Le parlement, ce grand prosateur, la traduit, l’interprète et la tue.

Au reste, le droit français avait été de tout temps moins asservi au symbolisme que celui d’aucun autre peuple. Cette vérité, pour