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PHILIPPE-LE-BEL. — BONIFACE VIII

chambellan et trésorier du roi, capitaine de la Tour du Louvre, est appelé Coadjuteur et gouverneur de tout le royaume de France. « C’était, dit un contemporain, comme un second roi, et tout se faisait à sa volonté[1]. » On n’est pas tenté de soupçonner ce témoignage d’exagération lorsqu’on sait que Marigni mit sa statue au Palais de Justice à côté de celle du roi[2].

Au nombre des ministres de Philippe-le-Bel, il faut placer deux banquiers florentins, auxquels sans doute on doit rapporter en grande partie les violences fiscales de ce règne. Ceux qui dirigèrent les grands et cruels procès de Philippe-le-Bel furent le chancelier Pierre Flotte, qui eut l’honneur d’être tué, tout comme un chevalier, à la bataille de Courtrai. Il eut pour collègues ou successeurs Plasian et Nogaret. Celui-ci, qui acquit une célébrité si tragique, était né à Caraman en Lauraguais. Son aïeul, si l’on en croit les invectives de ses ennemis, avait été brûlé comme hérétique. Nogaret fut d’abord professeur de droit à Montpellier, puis juge mage de Nîmes. La famille Nogaret, si fière au seizième siècle, sous le nom d’Épernon, n’était pas encore noble en 1372, ni de l’une, ni de l’autre ligne. Peu après cette expédition hardie où Guillaume Nogaret alla mettre la main sur le pape, il devint chancelier et garde des sceaux. Philippe-le-Long révoqua les dons qui lui avaient été faits par Philippe-le-Bel ; mais il ne fut pas enveloppé dans la proscription de Marigni. On

  1. « Ita ut secundus regulus videretur, ad cujus nutum regni negotia gerebantur. » (Bern. Guidonis, Vita Clem. V.)
  2. Félibien.