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APPENDICE

que l’on consacre, et en celle fleur avoit escript de lettrez dor : Je suis crestien. Et adonc nous lez separamez dez corps dez mescreanz, en merciant le souverain Seingneur. Et ainsi comme nous voulienz suz lez corps faire dire l’office dez mors, cy comme lez crestienz ont acoustume à faire, lez voix du ciel sanz nombre entonnerent et leverent un chans de si très doulce melodie que il sembloit a chaccun de nous que nous feussienz en possession de la vie perdurable, et par III foiz chanterent ce verset : « Venite, benedicti Patris mei », etc. Venez lez benoiz filz de mon Pere, et vous metez en possession du royaume qui vouz est aplie dez le commencement du monde. Et adonc nous ensevelismez les corps, cest a savoir III mille et cinquante et II, jouste la cite de Tesbayde qui fu jadiz une cite singuliere, laquelle, avuecquez le pays dileuc environ, nous tenonz pour nous et pour loiaux crestienz. Et est ce pays tant plaisant et delitable et plantureux que nul bon crestien qui soit la, ne se puet doubter que il ne puist bien vivre et trouver sa soustenance. Et les charoingnez des corps des mescreanz cy, comme nous les poimez nombrer, furent pluz de lxxiiim. Si avonz esperance que le temps est present venu que la parole de lEuvangele sera verefiece qui dit qu’il sera une bergerie et un pasteur, c’est-à-dire que toutez manières de gent seront d’une foy emsemblez en la maison et lobediance de Se église dont Jhesucrist sera pasteur : Qui est benedictus in secula seculorum. Amen. Et avint cedit miracle en lan de grâce mil ccc et xlvii. » (Archives, section hist., M, 105.)


88 — page 151Ubertino, le premier auteur connu d’une Imitation de Jésus-Christ…

« Nihil in hoc libro intendit nisi Jesu Christi notitia et dilectio viscerosa et imitatoria vita. » (Arbor Vitæ crucifixi Jesu, Prolog., l. I.) — Plusieurs passages respirent un amour exalté : « O mon âme, fonds et résous-toi tout en larmes, en songeant à la vie dure du cher petit Jésus et de la tendre Vierge sa mère. Vois comme ils se crucifient, et de leur compassion mutuelle et de celle qu’ils ont pour nous. Ah ! si tu pouvais faire de toi un lit pour Jésus fatigué qui couche sur la terre… Si tu pouvais de tes larmes abondantes leur faire un breuvage rafraîchissant ; pèlerins altérés, ils ne trouvent rien à boire… — Il y a deux saveurs dans l’amour ; l’une si douce dans la présence de l’objet aimé : comme Jésus le fit goûter à sa mère tandis qu’elle était avec lui, le serrait et le baisait. L’autre saveur est amère, dans l’absence et le regret. L’âme défaille en soi, passe en Lui ; elle erre autour, cherchant ce qu’elle aime et demandant secours à toute créature. (Ainsi la