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PHILIPPE-LE-BEL. — BONIFACE VIII

Au Nord, il acquit Valenciennes, qui se donna à lui (1293). Et sans doute il y eut encore de l’argent en cela. Valenciennes l’approchait de la riche Flandre, si bonne à prendre, et comme riche, et comme alliée des Anglais. Du côté de la France anglaise, il avait acheté au nécessiteux Édouard Ier le Quercy, terre médiocre, sèche et montagneuse, mais d’où l’on descend en Guyenne. Édouard était alors empêtré dans les guerres de Galles et d’Écosse, où il ne gagnait que de la gloire. C’eût été beaucoup, il est vrai, de fonder l’unité britannique, de se fermer dans l’île. Édouard y fit d’héroïques efforts, et commit aussi d’incroyables barbaries. Mais il eut beau briser les harpes de Galles, tuer les bardes, il eut beau faire périr le roi David du supplice des traîtres, et transporter à Westminster le palladium de l’Écosse, la fameuse pierre de Scone, il ne put rien finir ni dans l’île ni sur le continent. Chaque fois qu’il regardait vers la France et voulait y passer, il apprenait quelque mauvaise nouvelle du Border écossais ou des Marches de Galles, quelque nouveau tour de Leolyn ou de Wallace. Wallace était encouragé par Philippe-le-Bel, le chef héroïque des clans par le roi procureur. Celui-ci n’avait que faire de bouger. Il lui suffisait de relancer Édouard par ses limiers d’Écosse. Il le laissait volontiers s’immortaliser dans les déserts de Galles et de Northumberland, procédait contre lui à son aise, et le condamnait par défaut.

Ainsi, quand il le vit occupé à contenir l’Écosse sous Baillol, il le somma de répondre des pirateries de ses Gascons sur nos Normands. Il ajourna ce roi,