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HISTOIRE DE FRANCE

varlets armés, entre lesquels il y en avoit deux ou trois qui savoient aucuns de ses secrets ; et quand il encontroit un homme qu’il heoit (haïssoit) ou qu’il avoit en soupçon, il étoit tantôt tué ; car il avoit commandé à ses secrets varlets et dit : « Sitôt que j’encontrerai un homme, et je vous fais un tel signe, si le tuez sans déport (délai), comme grand, ni comme haut qu’il soit, sans attendre autre parole. » Ainsi avenoit souvent ; et en fit en cette manière plusieurs grands maîtres tuer : par quoi il étoit si douté (redouté) que nul n’osoit parler contre chose qu’il voulut faire, ni à peine penser de le contredire. Et tantôt que ces soixante varlets l’avoient reconduit en son hôtel, chacun alloit dîner en sa maison ; et sitôt après dîner, ils revenoient devant son hôtel, et héoient (attendoient) en la rue, jusques adonc qu’il vouloit aller aval (en bas) la rue, jouer et ébattre parmi la ville ; et ainsi le conduisoient jusques au souper. Et sachez que chacun de ces soudoyés (soldats) avoit chacun jour quatre compagnons ou gros de Flandre pour ses frais et pour ses gages ; et les faisoit bien payer de semaine en semaine. Et aussi avoit-il par toutes les villes de Flandre et les chatelleries sergents et soudoyés à ses gages, pour faire tous ses commandemens et épier s’il avoit nulle part personne qui fût rebelle à lui, ni qui dît ou informât aucun contre ses volontés. Et sitôt qu’il en savoit aucun en une ville, il ne cessoit jamais tant qu’il eut banni ou fait tuer sans déport (délai) ; jacil (celui-ci) ne s’en put garder. Et mêmement tous les plus puissants de Flandre, chevaliers, écuyers et les bourgeois des bonnes villes qu’il pensoit qui fussent favorables au comte de Flandre en aucune manière, il les bannissoit de Flandre et levoit la moitié de leurs revenues, et laissoit l’autre moitié pour le douaire et le gouvernement de leurs femmes et de leurs enfans. » (Froissart, t. I, c. lxv, p. 184.)

« Artevelde louoit qu’on teinst le roy d’Angleterre à amy »…

Sauvage, p. 143. « Ejus fœderis præcipui auctores fuere Jacob Artevelda, et Sigerus Curtracensis eques Flandrus nobilissimus. Sed hunc Ludovicus… jussu Philippi regis, Brugis decollavit. » (Meyer, p. 138 ; comp. Froissart, p. 187.)


160 — page 231Édouard fit lire dans les paroisses une circulaire au peuple…

Rymer, t. IV, p. 804. De même avant la campagne qui se termina par la bataille de Créci, il écrivit aux deux chefs des Dominicains et des Augustins, prédicateurs populaires : « Rex dilecto sibi in Christo… ad informandum intelligentias et animandum nostrorum corda fidelium… specialiter vos quibus expedire vide-