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PHILIPPE-LE-BEL. — BONIFACE VIII

tants, et tu reconnaîtras aisément que ce n’était pas le temps, que ce n’était pas le jour d’attaquer, d’offenser et nous et l’Église par de telles piqûres… Juge toi-même quelles ont dû être les pensées du Siège apostolique, lorsque dans ces jours même où nous étions occupés de l’examen et de la discussion des miracles qu’on attribue à l’invocation de ton aïeul de glorieuse mémoire, tu nous as envoyé de tels dons qui provoquent la colère de Dieu, et méritent, je ne dis pas seulement notre indignation, mais celle de l’Église elle-même…

« Dans quel temps tes ancêtres et toi-même avez-vous eu recours à ce Siège, sans que votre pétition fût écoutée ? Et si une grave nécessité menaçait de nouveau ton royaume, non seulement le Saint-Siège t’accorderait les subventions des prélats et des personnes ecclésiastiques ; mais, si le cas l’exigeait, il étendrait ses mains jusqu’aux calices, aux croix et aux vases sacrés, plutôt que de ne pas défendre efficacement un tel royaume, qui est si cher au Saint-Siège, et qui lui a été si longtemps dévoué… Nous exhortons donc Ta Sérénité royale, la prions et l’engageons à recevoir avec respect les médicaments que t’offre une main paternelle, à acquiescer à des avis salutaires pour toi et pour ton royaume, à corriger tes erreurs, et à ne point laisser séduire ton âme par une fausse contagion. Conserve notre bienveillance et celle du Saint-Siège, conserve une bonne renommée parmi les hommes, et ne nous force point à recourir à d’autres remèdes, à des remèdes inusités ; lors même que la justice, nous y