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HISTOIRE DE FRANCE

le sommer de mettre en liberté le comte de Flandre et sa fille. De telles paroles ne se disaient pas impunément à Philippe-le-Bel.

Ce Saisset, qui parlait si hardiment, était déjà désigné au roi, par l’évêque de Toulouse, comme l’auteur d’un vaste complot qui eût enlevé tout le Midi aux Français. Saisset appartenait à la famille des anciens vicomtes de Toulouse. Il était l’ami de tous les hommes distingués, de toute la noblesse municipale de cette grande cité. Il rêvait la fondation d’un royaume de Languedoc au profit du comte de Foix, ou du comte de Comminges, qui descendait des Raimonds de Toulouse, tant regrettés de leurs anciens sujets[1].

Ces grands seigneurs du Midi n’avaient ni les forces, ni l’amour du pays, ni la hauteur de courage, qu’une telle entreprise eût demandés. Le comte de Comminges se signa, en entendant des propositions si hardies : « Ce Saisset est un diable, dit-il, plutôt qu’un homme[2]. » Le comte de Foix joua un rôle plus odieux. Il reçut les confidences de Saisset, pour les transmettre au roi par l’évêque de Toulouse[3]. On sut par lui que Saisset se chargeait de demander pour le fils du comte de Foix la fille du roi d’Aragon, qui, disait-il, était son ami. Il avait dit encore : « Les Français ne feront jamais de bien, mais plutôt du mal au pays. » Il ne voulait pas terminer avec le comte de Foix les démêlés de son

  1. App. 16.
  2. « Iste non est homo, sed diabolus », témoignage du comte lui-même.
  3. Cet évêque de Toulouse était détesté dans son diocèse comme Français, comme étranger à la langue du pays.