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HISTOIRE DE FRANCE

son office, de telle sorte que cet homme de mort (dictus vir mortis), dont la vie souille même le lieu qu’il habite, il le prive de tout ordre, le dépouille de tout privilège clérical, et que le seigneur roi puisse, de ce traître à Dieu et aux hommes, de cet homme enfoncé dans la profondeur du mal, endurci et sans espoir de correction, que le roi en puisse par voie de justice faire à Dieu un excellent sacrifice. Il est si pervers que tous les éléments doivent lui manquer dans la mort, puisqu’il offense Dieu et toute créature[1]. »

Le pape réclama l’évêque, déclara suspendre le privilège qu’avaient les rois de France de ne pouvoir être excommuniés et convoqua le clergé de France à Rome pour le 1er novembre de l’année suivante. Enfin il adressa au roi la bulle Ausculta, fili : « Écoute, mon fils, les conseils d’un père tendre… » Le pape commençait par ces paroles irritantes, dont ses adversaires surent bien profiter : « Dieu nous a constitué, quoique indigne, au-dessus des rois et des royaumes, nous imposant le joug de la servitude apostolique, pour arracher, détruire, disperser, dissiper, et pour édifier et planter sous son nom et par sa doctrine… » Du reste, la bulle était, sous forme paternelle, une récapitulation de tous les griefs du pape et de l’Église.

Le chancelier Pierre Flotte se chargea de porter la réponse au pape. La réponse, c’était que le roi ne lâchait pas son prisonnier, qu’il le remettait seulement

  1. Imitation pédantesque d’un passage du discours de Cicéron, Pro Roscio Amerino, sur le supplice du parricide.