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HISTOIRE DE FRANCE

prochain concile. Aux accusations précédentes, Plasian ajoutait celle d’hérésie. Le roi souscrivit à l’appel, et Nogaret partit pour l’Italie.

Pour soutenir cette démarche définitive, le roi ne se contenta pas de l’assentiment collectif des États. Il adressa des lettres individuelles aux prélats, aux églises, aux villes, aux universités ; ces lettres furent portées de province en province par le vicomte de Narbonne et par l’accusateur même, Plasian[1]. Le roi prie et requiert de consentir au concile : Nos requirentes consentire. Il n’eût pas été sûr de refuser en face à l’accusateur. Il rapporta plus de sept cents adhésions. Tout le monde avait souscrit, ceux même qui, l’année précédente, après la défaite du roi à Courtrai, s’étaient malgré lui rendus près du pape. La saisie du temporel des quarante-cinq avait suffi pour les convertir au parti du roi. Sauf Cîteaux, que le pape avait gagné par une faveur récente et qui se partagea, tous donnèrent à Plasian des lettres d’adhésion au concile.

Les corps les plus favorisés des papes se déclarèrent pour le roi, l’université de Paris, les dominicains de la même ville, les mineurs[2] de Touraine. Quelques-uns, comme un prieur de Cluny et un templier, adhèrent, mais sub protestationibus[3].

Le pape leur faisait encore grand’peur. Il fallait en

  1. Le prieur et le couvent des Frères Prêcheurs de Montpellier ayant répondu qu’ils ne pouvaient adhérer sans l’ordre exprès de leur prieur général, qui était à Paris, les agents du roi dirent qu’ils voulaient savoir l’intention de chacun en particulier et en secret. Les religieux persistant, les agents leur enjoignirent de sortir sous trois jours du royaume. Ils en dressèrent acte.
  2. App. 31.
  3. Dupuy.