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PHILIPPE-LE-BEL. — BONIFACE VIII

d’homme parfait pour reprendre la folie du faux prophète prêt à maudire le peuple béni, j’adresse à vous ma supplique, très excellent prince, seigneur Philippe, par la grâce de Dieu roi de France, pour qu’à l’exemple de l’ange qui présenta l’épée nue à ce maudisseur du peuple de Dieu, vous qui êtes oint pour l’exécution de la justice, vous opposiez l’épée à cet autre et plus funeste Balaam, et l’empêchiez de consommer le mal qu’il prépare au peuple. »

Rien ne fut décidé. Le roi louvoyait encore. Il permit à trois évêques d’excuser la défense qu’il avait faite aux prélats. Le pape envoya un légat, sans doute pour tâter le clergé de France, et voir s’il voudrait remuer. Mais rien ne bougea. Le roi dit au légat qu’il prendrait pour arbitres les ducs de Bretagne et de Bourgogne ; c’était flatter la noblesse et s’en assurer ; du reste, il ne cédait rien. Alors le pape adressa au légat un bref dans lequel il déclarait que le roi avait encouru l’excommunication, comme ayant empêché les prélats de se rendre à Rome.

Le légat laissa le bref et s’enfuit. Le roi saisit deux prêtres qui l’avaient apporté avec le légat et les ecclésiastiques qui le copiaient. Le bref était du 13 avril. Deux mois après (jour pour jour), les deux avocats qui succédaient à Pierre Flotte agirent contre Boniface : Plasian accusa, Nogaret exécuta. Le premier, en présence des barons assemblés en États au Louvre, prononça un réquisitoire contre Boniface[1] et un appel au

  1. App. 30.