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HISTOIRE DE FRANCE

Le roi semblait compris dans cette bulle. Elle fut rendue le 7 juin 1304. Le 4 juillet, Benoît était mort. On dit qu’une jeune femme voilée, qui se donnait pour converse de Sainte-Pétronille à Pérouse, vint lui présenter à table une corbeille de figues-fleurs[1]. Il en mangea sans défiance, se trouva mal et mourut en quelques jours. Les cardinaux, craignant de découvrir trop aisément le coupable, ne firent aucune poursuite.

Cette mort vint à point pour Philippe. La guerre de Flandre l’avait mis à bout. Il n’avait pu, en 1303, empêcher les Flamands d’entrer en France, de brûler Térouanne et d’assiéger Tournai[2]. Il n’avait sauvé cette ville qu’en demandant une trêve, en mettant en liberté le vieux Guy, qui devait rentrer en prison si la paix ne se faisait pas. Le vieillard remercia ses braves Flamands, bénit ses fils, et revint mourir à quatre-vingts ans dans sa prison de Compiègne.

En 1304, au moment même où le pape mourait si à propos, Philippe fit un effort désespéré pour finir la guerre. Il avait extorqué quelque argent en vendant des privilèges, surtout en Languedoc, favorisant ainsi les communes du Midi pour écraser celles du Nord. Il loua des Génois, et avec leurs galères il gagna une bataille navale devant Ziriksée (août). Les Flamands n’en étaient pas plus abattus. Ils se croyaient soixante mille. C’était la Flandre au complet pour la première fois ; toutes les milices des villes étaient réunies, celles de Gand et de Bruges, celles d’Ypres, de Lille et de

  1. C’est-à-dire de la première récolte.
  2. App. 38.