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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 4.djvu/127

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LE DUC D’ORLÉANS, LE DUC DE BOURGOGNE

Dès longtemps, il avait annoncé des résolutions violentes. En 1405, lorsque les deux rivaux étaient en présence, sous les murs de Paris, Louis d’Orléans ayant pris pour emblème un bâton noueux, Jean-sans-Peur prit pour le sien un rabot. Comment le bâton devait-il être raboté[1] ? on pouvait tout craindre.

Le duc de Berri, plein d’inquiétude, crut gagner beaucoup sur son neveu en le décidant à aller voir le malade. Soit pour tromper son oncle, soit par un sentiment de haineuse curiosité, il se contraignit jusque-là. Le duc d’Orléans allait mieux ; le vieil oncle prit ses deux neveux, les mena entendre la messe, et les fit communier de la même hostie ; il leur donna un grand repas de réconciliation, et il fallut qu’ils s’embrassassent. Louis d’Orléans le fit de bon cœur, tout porte à le croire ; la veille il s’était confessé et avait témoigné amendement et repentance. Il invita son cousin à dîner avec lui le dimanche suivant ; il ne savait point qu’il n’y aurait pas de dimanche pour lui.


On voit encore aujourd’hui, au coin de la Vieille rue du Temple et de la rue des Francs-Bourgeois, une tourelle du quinzième siècle, légère, élégante, et qui contraste fort avec la laide maison, qui de côté et d’autre s’y est gauchement accrochée. Cette tou-

  1. On disait après la mort du duc d’Orléans : « Baculum nodosum factum esse planum. » (Meyer.) — Devises : Mgr d’Orléans, Je suis mareschal de grant renommée, Il en appert bien, j'ay forge levée. Mgr de Bourgogne, Je suis charbonnier d’étrange contrée, J’ay assez charbon pour faire fumée. (Mss. Colbert, Regius.)