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HISTOIRE DE FRANCE

de Bourgogne l’avait commencée à sa manière, rudement. Il avait rendu à Paris ses privilèges, en y mettant un prévôt à lui, le violent Desessarts. Il avait convoqué une assemblée générale de la noblesse, sous la présidence du dauphin, s’emparant du dauphin même et mettant de côté le vieux duc de Berri.

Cependant il prenait les finances en main, destituant au nom du roi et des princes tous les trésoriers, et mettant à leur place des bourgeois de Paris, des gens riches, timides et dépendants. Tous les receveurs devaient rendre compte à un haut conseil qu’il dominait par le comte de Saint-Pol. Ce conseil fit une chose inouïe, il interdit la Chambre des comptes, fit arrêter plusieurs de ses membres[1], et néanmoins il se servit de ses registres, relevant sur les marges les Nimis habuit ou Recuperetur dont cette sage et honnête compagnie marquait les payements excessifs. On voulait s’autoriser de ces notes pour tirer de l’argent de ceux qui avaient reçu, ou même de leurs héritiers.

Cela était inquiétant pour beaucoup de monde, suspect pour tous, d’autant plus que dans toutes ces mesures on voyait derrière le duc de Bourgogne un homme emporté, passionné et brouillon, le nouveau prévôt de Paris, Desessarts, homme de peu, qui se hâtait de faire sa main, d’enrichir les siens, comme avait fait Montaigu ; il l’avait mené au gibet, et il y courait lui-même.

Tel était Paris ; hors de Paris, se formait un grand

  1. App. 116.