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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 4.djvu/186

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HISTOIRE DE FRANCE

un demi-siècle s’était écoulé depuis les derniers États. Les gens de Reims, de Rouen, de Sens et de Bourges parlèrent seuls, ou plutôt prêchèrent sur un texte de l’Écriture, prouvant doctement les avantages de la paix, mais avec non moins de force l’impossibilité de payer pour finir la guerre ; ils concluaient qu’il fallait avant tout recouvrer les deniers mal perçus ou détournés. Maître Benoît Gentien, célèbre docteur et moine de Saint-Denis, parla au nom de Paris et de l’Université. Il demanda des réformes, indiqua des abus, déclama contre l’ambition et la convoitise, toutefois en termes généraux et sans nommer personne. Il déplut à tout le monde.

Dans la réalité, les maux étaient trop grands pour s’en tenir à une médecine expectante. Les généralités vagues n’avançaient à rien. L’assemblée fut congédiée ; Paris prit la parole, au défaut de la France, Paris, et la voix de Paris, son Université.

L’Université, nous l’avons vu, avait plus de zèle que de capacité pour s’acquitter d’une telle tâche. Elle avait grand besoin d’être dirigée. Or il n’y avait qu’une classe qui pût le faire, qui eût connaissance des lois, des faits et quelque esprit pratique : c’étaient les membres des hautes cours, du Parlement[1], de la Chambre des comptes et de la Cour des aides. Je ne vois pas que l’Université se soit adressée aux deux derniers corps ; leur extrême timidité lui était sans

  1. C’était l’opinion de Clémengis. Il implore dans ses lettres l’intervention du Parlement comme l’unique remède aux maux présents et futurs du royaume. App. 127.