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RÉFORME DANS L’ÉTAT ET DANS L’ÉGLISE

parenté dans la judicature ; à ces époques, matérielles encore, il n’y a d’association solide que par la chair et le sang.

Deux choses manquaient pour que la belle réforme administrative et judiciaire de 1413 fût viable[1] : d’abord d’être appuyée sur une réforme législative et politique ; celle-ci avait été essayée isolément en 1357. Mais ce qui manquait surtout, c’étaient des hommes et les mœurs qui font les hommes : sans les mœurs, que peuvent les lois ?… Ces mœurs ne pouvaient se former qu’à la longue, et d’abord dans certaines familles, dont l’exemple pût donner à la nation ce qu’elle a le moins, il faut le dire, ce qu’elle acquiert lentement, le sérieux, l’esprit de suite, le respect des précédents. Tout cela se trouva dans les familles parlementaires.


Cette ordonnance des ordonnances fut déclarée solennellement par le roi obligatoire, inviolable. Les princes et les prélats qui étaient à ses côtés, en levèrent la main. L’aumônier du roi, maître Jean Courtecuisse, célèbre docteur de l’Université, prêcha ensuite à Saint-Paul sur l’excellence de l’ordonnance. Dans son discours, généralement faible et traînant, il y a néanmoins une figure pathétique ; il y représente l’Université comme un pauvre affamé qui a faim et soif des lois[2].

  1. La seule garantie qu’on lui donne, c’est la publicité, l’insuffisante publicité de ce temps. Elle doit être lue et affichée une fois au siège de chaque sénéchaussée et bailliage, le premier jour des assises. (Ord., p. 113.)
  2. App. 143.