qu’on pillerait la France, on ne songerait pas à piller l’Église ; la terrible question de sécularisation serait ajournée.
Quoi de plus digne aussi de la respectable Église d’Angleterre et qui pût lui faire plus d’honneur, que de réformer cette France schismatique, de la châtier fraternellement, de lui faire sentir la verge de Dieu ? Ce jeune roi si dévoué, si pieux, ce David de l’Église établie, était visiblement l’instrument prédestiné d’une si belle justice.
Tout était difficile avant cette résolution ; tout devint facile. Henri, sûr de sa force, essaya de calmer les haines en faisant réparation au passé. Il enterra honorablement Richard II. Les partis se turent. Le Parlement unanime vota pour l’expédition une somme inouïe. Le roi réunit six mille hommes d’armes, vingt-quatre mille archers, la plus forte armée que les Anglais eussent eue depuis plus de cinquante ans[1].
Cette armée, au lieu de s’amuser autour de Calais, aborda directement à Harfleur, à l’entrée de la Seine. Le point était bien choisi. Harfleur, devenu ville anglaise, eût été bien autre chose que Calais. Il eût tenu la Seine ouverte ; les Anglais pouvaient dès lors entrer, sortir, pénétrer jusqu’à Rouen et prendre la Normandie, jusqu’à Paris, prendre la France peut-être.
L’expédition avait été bien conçue, très bien