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HISTOIRE DE FRANCE

La bataille finie, les archers se hâtèrent de dépouiller les morts, tandis qu’ils étaient encore tièdes. Beaucoup furent tirés vivants de dessous les cadavres, entre autres le duc d’Orléans. Le lendemain, au départ, le vainqueur prit ou tua ce qui pouvait rester en vie[1].

« C’était pitoyable chose à voir, la grant noblesse qui là avoit été occise, lesquels étoient desjà tout nuds comme ceux qui naissent de niens. » Un prêtre anglais n’en fut pas moins touché. « Si cette vue, dit-il, excitait compassion et componction en nous qui étions étrangers et passant par le pays, quel deuil était-ce donc pour les natifs habitants ! Ah ! puisse la nation française venir à paix et union avec l’anglaise, et s’éloigner de ses iniquités et de ses mauvaises voies ! » Puis la dureté prévaut sur la compassion, et il ajoute : « En attendant, que leur faute retombe sur leur tête[2]. »

Les Anglais avaient perdu seize cents hommes, les Français dix mille, presque tous gentilshommes, cent vingt seigneurs ayant bannière. La liste occupe six grandes pages dans Monstrelet. D’abord sept princes (Brabant, Nevers, Albret[3], Alençon, les trois de Bar), puis des seigneurs sans nombre, Dampierre, Vaudemont, Marle, Roussy, Salm, Dammartin, etc., etc., les baillis du Vermandois, de Mâcon, de Sens, de Senlis,

  1. App. 175.
  2. « Let his grief be turned upon his head. » (Ms., Sir Nicolas.)
  3. Le connétable fut très heureux en cela ; sa mort répondit à ceux qui l’accusaient de trahir. App. 176.