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MORT D’HENRI V ET DE CHARLES VI

de l’argent toujours prêt, firent évidemment les avances, et se firent assigner en garantie le produit de ces droits lucratifs.

Le cardinal Winchester, oncle d’Henri V, devint peu à peu l’homme le plus riche de l’Angleterre et peut-être du monde. Nous le voyons plus tard faire à la Couronne des prêts tels qu’aucun roi n’eût pu les faire alors ; des vingt mille, cinquante mille livres sterling à la fois[1]. Quelques années après la mort d’Henri, il se trouva un moment le vrai roi de la France et de l’Angleterre (1430-1432). Henri, de son vivant même, lui reprocha publiquement d’usurper les droits de la royauté[2] ; il croyait même que Winchester souhaitait impatiemment sa mort, et qu’il eût voulu la hâter.

Il se trompait peut-être ; mais ce qui est sûr, c’est que les deux royautés, la royauté militaire et la royauté épiscopale et financière, avaient pu commencer ensemble la conquête, mais qu’elles n’auraient pu posséder ensemble, qu’elles ne pouvaient tarder à se brouiller. Au moment de ce grand effort du siège de Rouen, le roi, ayant besoin d’argent, se hasarda à parler de réformer les mœurs du clergé[3]. Les évêques lui accordèrent une aide pour la guerre, mais ce ne fut pas gratis : ils se firent livrer en retour plusieurs hérétiques.

En 1420, sous prétexte d’invasion imminente des

  1. Voy. l’énumération détaillée de ces prêts, dans Turner.
  2. Henri lui reprochait, entre autres félonies, de contrefaire la monnaie royale. App. 220.
  3. Turner.