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PROCÈS ET MORT DE LA PUCELLE

par l’évêque de Beauvais, exhorté par sa chère fille l’Université de Paris, il commandait aux gardiens de conduire l’inculpée à l’évêque[1]. » Il était dit conduire, on ne remettait pas la prisonnière au juge ecclésiastique, on la prêtait seulement, « sauf à la reprendre si elle n’était convaincue ». Les Anglais ne risquaient rien, elle ne pouvait échapper à la mort ; si le feu manquait, il restait le fer.

Le 9 janvier 1431, Cauchon ouvrit la procédure à Rouen. Il fit siéger près de lui le vicaire de l’inquisition, et débuta par tenir une sorte de consultation avec huit docteurs, licenciés ou maîtres ès-arts de Rouen. Il leur montra les informations qu’il avait recueillies sur la Pucelle. Ces informations, prises d’avance par les soins des ennemis de l’accusée, ne parurent pas suffisantes aux légistes rouennais ; elles l’étaient si peu en effet que le procès, d’abord défini d’après ces mauvaises données procès de magie, devint un procès d’hérésie.

Cauchon, pour se concilier ces Normands récalcitrants, pour les rendre moins superstitieux sur la forme des procédures, nomma l’un d’eux, Jean de la Fontaine, conseiller examinateur. Mais il réserva le rôle le plus actif, celui de promoteur du procès, à un certain Estivet, un de ses chanoines de Beauvais, qui l’avait suivi. Il trouva moyen de perdre un mois dans ces préparatifs[2]; mais enfin, le jeune roi ayant été

  1. Notices des mss.
  2. Le 13 janvier, Cauchon assemble quelques abbés, docteurs et licenciés, et leur dit qu’on peut extraire des informations déjà prises quelques articles sur lesquels on interrogera l’accusée. Dix jours sont employés à faire ce petit extrait ; il est approuvé le 23, et Cauchon charge le Normand Jean de la