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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/181

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DISCORDES DE L’ANGLETERRE. — ÉTAT DE LA FRANCE

Dans cette inquiétude, il s’entremit vivement pour la paix. Il obtint qu’une conférence aurait lieu entre Bedford et Philippe-le-Bon. Il parvint à faire avancer les deux ducs, l’un vers l’autre, jusqu’à Saint-Omer. Mais ce fut tout ; une fois dans la ville, ni l’un ni l’autre ne voulut faire la première démarche. Quoique Bedford dût bien voir que la France était perdue pour les Anglais, s’il ne regagnait le duc de Bourgogne, il resta ferme sur l’étiquette ; représentant du roi, il attendit la visite du vassal du roi, lequel ne bougea ; la rupture fut définitive.

Tout au contraire, la France se ralliait peu à peu. Le rapprochement fut surtout l’ouvrage de la maison d’Anjou. La vieille reine Yolande d’Anjou, belle-mère du roi, lui ramenait les Bretons ; de concert avec le connétable de Richemont, frère du duc de Bretagne, elle chassa le favori La Trémouille.

Il était plus difficile de gagner le duc de Bourgogne, qui soutenait en Lorraine le prétendant Vaudemont contre René d’Anjou, fils d’Yolande. Ce prince, qui est resté dans la mémoire des Angevins et des Provençaux sous le nom du bon roi René, avait toutes les qualités aimables de la vieille France chevaleresque ; il en avait aussi l’imprudence, la légèreté. Il s’était fait battre et prendre à Bulgnéville par les Bourguignons (1431). Il consacra les loisirs de la prison, non à la poésie, comme Charles d’Orléans, mais à la peinture. Il fit des tableaux pour la chapelle qu’il construisit dans sa prison, il en fit pour les chartreux de Dijon ; il travailla même pour celui qui le retenait prison-