« Le froid et attrempé seigneur[1] » se repentit d’avoir trop bien servi.
Ce bâtard d’Orléans avait commencé sa fortune en défendant la ville d’Orléans, apanage de son frère ; il avait employé fort habilement la simplicité héroïque de la Pucelle. Après avoir grandi par le roi, il voulait grandir contre le roi. Le malheur, c’est que le duc son frère était encore en Angleterre ; l’ancien ennemi de la maison d’Orléans, le duc de Bourgogne (sans doute converti par Dunois) travaillait à tirer des mains des Anglais ce chef futur des mécontents.
Le duc d’Alençon se jeta tête baissée dans l’affaire ; les Bourbon et Vendôme y donnèrent les mains. L’ancien favori La Trémouille, chassé par Richemont, ne manqua pas de s’engager. Les plus ardents de tous étaient les chefs des écorcheurs, le bâtard de Bourbon, Chabannes, le Sanglier ; à vrai dire, la chose les touchait de près ; pour les seigneurs il s’agissait d’honneur et de juridiction ; mais pour eux il y allait de leur col, ils voyaient de près la potence.
Il ne manquait plus qu’un chef ; au défaut du duc d’Orléans, on prit le dauphin, un enfant, à en juger par l’âge ; mais on pensa qu’un nom suffisait.
Celui qu’on croyait un enfant, et qui était déjà Louis XI, avait justement fait ses premières armes (comme il fit ses dernières) contre les seigneurs. À
- ↑ Un des beaux parleurs en France qui fust de la langue de France… voulant persuader aux Anglais de rendre Vernon-sur-Seine, il leur récita en beau style, aussi prudemment qu’eust quasi sceu faire un docteur en théologie, le faict et l'estat de la guerre entre le roy et celui d’Angleterre. » (Jean Chartier.)