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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/272

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HISTOIRE DE FRANCE

Cette terrible farce, toute terrible qu’elle put sembler, n’était qu’un prélude. La grossière supposition d’un Mortimer que tout le monde connaissait pour Cade avait cette utilité de donner un premier ébranlement aux esprits, de faire songer le peuple… C’était, comme dans Hamlet, une pièce dans la pièce pour aider à comprendre, une fiction pour expliquer l’histoire, un commentaire en action pour mettre à la portée des simples l’abstruse question de droit.

L’homme de paille ayant fini, le prétendant sérieux pouvait commencer. Le duc d’York accourt d’Irlande, pour travailler sur le texte que lui fournissait Somerset. Ce triste général venait de répéter à Caen son aventure de Rouen ; pour la seconde fois, il s’était fait prendre ; mais cette fois la faiblesse ressemblait encore plus à la trahison. Tel fut du moins le bruit qui courut. Le régent, comme faisaient, comme font volontiers les Anglais, traînait partout avec lui sa femme et ses enfants, dangereux et trop cher bagage qui dans plus d’une occasion peut amollir l’homme de guerre, faire de l’homme une femme. Celle de Somerset, dans les horreurs du siège, lorsque les pierres et les boulets pleuvaient, vit une pierre tomber entre elle et ses enfants ; elle courut se jeter aux genoux de son mari[1]. le suppliant d’avoir pitié des pauvres petits… Le malheureux, dès ce moment, eut peur aussi, il voulut se rendre. Mais la ville était au duc d’York ; un capitaine y commandait pour lui et prétendait défendre à toute extré-

  1. « Kneeling on bis knees, to have mercy and compassion of his smalle infantes. » (Holinshed.)