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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 5.djvu/33

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CHARLES VII. — HENRI VI

demandé sa fille en mariage, et il épousa la fille du roi de France ; en même temps il inquiétait le duc en voulant acquérir le Luxembourg, aux portes de la Lorraine. L’irritation de Charles-le-Hardi augmenta, lorsqu’en 1424 les Bourguignons, auxiliaires des Anglais, occupèrent en Picardie la ville de Guise, qui lui appartenait. Alors il assembla les États de son duché, et leur fit reconnaître la Lorraine comme fief féminin, et sa fille, femme de René d’Anjou, comme son héritière.

La grandeur de la maison d’Anjou, son étroite union avec Charles VII, devaient, ce semble, fortifier le parti royal. Mais cette maison avait trop à faire en Lorraine, en Italie. L’égoïste et politique Yolande voulait gagner du temps, ménager les Anglais, ne pas les attirer dans les domaines patrimoniaux de la maison d’Anjou. Elle attendait du moins que ses fils fussent affermis en Lorraine et à Naples.

Elle fut toutefois utile à son gendre Charles VII. Par ses sages conseils, elle éloigna de lui les vieux Armagnacs. Elle eut l’adresse de lui ramener les Bretons, elle fit donner l’épée de connétable au frère du duc de Bretagne, au comte de Richemont. Richemont n’accepta qu’en stipulant que le roi éloignerait de lui les meurtriers du duc de Bourgogne.

C’étaient les Bretons qui avaient sauvé le royaume au temps de Duguesclin. Charles VII, réunissant les Bretons, les Gascons, les Dauphinois, avait dès lors de son côté la vraie force militaire de la France. L’Espagne lui envoyait des Aragonais, l’Italie des