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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 7.djvu/210

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HISTOIRE DE FRANCE

CHAPITRE VI

Avènement de César Borgia. — Son alliance avec Georges d’Amboise.
(1498-1504.)

« Le 14 juillet, le seigneur cardinal de Valence (César Borgia) et l’illustre seigneur Jean Borgia, duc de Gandie, fils (aîné) du pape, soupèrent à la vigne de madame Vanozza leur mère, près de l’église de Saint-Pierre-aux-Liens. Ayant soupe, le duc et le cardinal remontèrent sur leurs mules ; mais le duc, arrivé près du palais du vice-chancelier, dit qu’avant de rentrer il voulait aller à quelque amusement ; il prit congé de son frère et s’éloigna, n’ayant avec lui qu’un estafier et un homme qui était venu masqué au souper, et qui, depuis un mois, le visitait tous les jours au palais. Arrivé à la place des Juifs, le duc renvoya l’estafier, lui disant de l’attendre une heure sur cette place, puis de retourner au palais s’il ne le voyait revenir. Cela dit, il s’éloigna avec l’homme masqué, et je ne sais où il alla, mais il fut tué et jeté dans le Tibre, près de l’hôpital Saint-Jérôme. L’estafier, demeuré sur la place des Juifs, y fut blessé à mort et recueilli charitablement dans une maison ; il ne put faire savoir ce qu’était devenu son maître.

« Au matin, le duc ne revenant pas, ses serviteurs intimes l’annoncèrent au pape, qui, fort troublé, tâchait pourtant de se persuader qu’il s’amusait chez quelque fille, et qu’il reviendrait le soir. Cela n’étant pas arrivé, le pape, profondément affligé, ému jusqu’aux entrailles, ordonna qu’on fît des recherches. Un certain Georges, qui avait du bois au bord du Tibre, et le gardait la nuit, interrogé s’il avait vu, la nuit du mercredi, jeter quelqu’un à l’eau, répondit qu’en effet il avait vu deux hommes à pied venir par la