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Page:Michelet - OC, Histoire de France, t. 7.djvu/75

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INTRODUCTION

Non seulement ils employaient toutes sortes d’étais visibles ; mais, comme me l’a montré l’architecte actuel d’une de nos cathédrales, dans l’ornementation même, les parties les plus hasardées étaient soutenues par des crampons de fer qu’on cachait soigneusement. Inutile de dire que ce fer s’oxydait bientôt, et qu’il fallait une réparation continuelle, un va-et-vient de pierres qui se succédaient, sans être jamais plus solides.

Il s’agissait de faire pour la première fois une construction durable qui se soutînt elle-même et sans secours étrangers.

Le grand artiste dit son plan. Mais personne ne voulut comprendre. Les juges se mirent tout d’abord du côté des impuissants. Tous rirent. Il fut convenu qu’il était fou. On le dit ; le peuple le crut, et on disait en le voyant passer : « C’est ce fou de Brunelleschi. »

Cependant, les autres ne proposant rien, on daigna le faire revenir : « Eh bien, montre-nous ton modèle. »

Ils l’auraient copié sans doute. À ces malicieux ignorants Brunelleschi répliqua par un argument digne d’eux. Il tira un œuf de sa poche : « Voilà le modèle, dit-il. Dressez-le… » Et, personne n’y réussissant, il le casse et le fait tenir. Tous crient : « Rien n’était plus simple ! — Eh ! que ne vous en avisiez-vous ? »

Je voudrais pouvoir tout conter. C’est tout à la fois l’héroïsme et l’art, l’œuvre et le martyre du génie. Il vainquit, à condition qu’il subirait comme adjoint un sculpteur qui entravait tout. Mille autres difficultés