Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/192

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douleur commune pour la mort de leur enfant… Belle occasion, forte prise pour les suggestions des prêtres. La mort du Dauphin n’était-elle pas un avis sévère de la Providence, lorsque le roi se prêtait aux innovations dangereuses d’un ministre protestant ?

Le roi, flottant encore, mais déjà presque vaincu, se contenta d’ordonner, pour empêcher le Clergé de se réunir au Tiers, que la salle serait fermée le lendemain samedi (20 juin) ; le prétexte était les préparatifs nécessaires pour une séance royale qui se tiendrait le lundi.

Tout cela arrêté dans la nuit, affiché dans Versailles à six heures du matin. Le président de l’Assemblée nationale apprend par hasard qu’elle ne peut se réunir. Il était plus de sept heures, lorsqu’il reçoit une lettre, non du roi (comme il était naturel, le roi écrivait bien de sa main au président du Parlement), mais simplement un avis du jeune Brézé, maître des cérémonies. Ce n’était pas au président, à M. Bailly en son logis, qu’un tel avis devait être donné, mais à l’Assemblée elle-même. Bailly n’avait pas pouvoir pour agir à sa place. À l’heure indiquée la veille pour la séance, à huit heures, il se rend à la porte de la salle avec beaucoup de députés. Arrêté par la sentinelle, il proteste contre l’empêchement, déclare la séance tenante. Plusieurs jeunes députés firent mine de forcer la porte ; l’officier fit prendre les armes, annonçant ainsi que sa consigne ne faisait nulle réserve pour l’inviolabilité.

Voilà donc nos nouveaux rois, mis et tenus à la