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la foule d’être ainsi mystifiée[1]. Il n’y avait pas de temps à perdre ; et ces armes, à qui étaient-elles, sinon à la nation ?… On sauta dans les fossés, et l’hôtel fut envahi ; vingt-huit mille fusils furent trouvés dans les caves, enlevés, avec vingt pièces de canon.

Tout ceci entre neuf et onze. Mais courons à la Bastille.

Le gouverneur De Launay était sous les armes, dès le 13, dès deux heures de nuit. Il n’avait négligé aucune précaution. Outre ses canons des tours, il en avait de l’Arsenal, qu’il mit dans la cour, chargés à mitraille. Sur les tours, il fit porter six voitures de pavés, de boulets et de ferraille, pour écraser les assaillants[2]. Dans les meurtrières du bas, il avait placé douze gros fusils de rempart qui tiraient chacun une livre et demie de balles. En bas, il tenait ses soldats les plus sûrs, trente-deux Suisses, qui n’avaient aucun scrupule de tirer sur des Français. Ses quatre-vingt-deux invalides étaient pour la plupart dispersés, loin des portes, sur les tours. Il avait évacué les bâtiments avancés qui couvraient le pied de la forteresse.

Le 13, rien, sauf des injures que les passants venaient dire à la Bastille.

Le 14, vers minuit, sept coups de fusil sont tirés sur les factionnaires des tours. Alarme ! Le gouver-

  1. Un seul des citoyens rassemblés. (Procès-verbal des électeurs, I, 300.)
  2. Biographie Michaud, article De Launay, rédigé d’après les renseignements de sa famille.