Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/33

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tout brouillé, me suis mépris complètement.

Je pourrais dire pourtant, ayant exhumé tant de choses, donné tant de secours et à lui et à tous, je pourrais dire : « Ces fameuses journées, qui les saurait sans moi ? »

Au massacre du Champ de Mars (17 juillet 1791), j’ai tiré des Archives de la Seine le texte de la pétition qu’on signa sur l’autel et qu’on peut appeler le premier acte de la République. J’ai marqué l’action très directe des royalistes pour amener le massacre. Louis Blanc les en lave, mais ils ne veulent pas être lavés, ils s’en vantent. D’après les notes manuscrites d’un témoin oculaire, M. Moreau de Jonnès, j’ai dit le fait certain : c’est que la garde soldée poursuivit barbarement le peuple qui se réfugia dans les rangs de la garde nationale. Chose grave ; première apparition du funeste militarisme. Je n’ai nullement nié le fait, cependant incertain, qu’affirme Louis Blanc, que beaucoup répétèrent, mais que ne vit personne, à savoir que quelques gardes nationaux (des Filles-Saint-Thomas ?) purent, avec la garde soldée, tirer sur cet autel où était tout le peuple. — Au 10 Août, même témoignage. J’ai accepté ce récit d’un honnête homme, très bon, fort peu passionné.