Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/368

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aux résolutions du 4 août. Tel même, qui, cette nuit, les proposa ou les appuya, commençait à se repentir.

Que de telles résolutions eussent été prises par leurs représentants, par des nobles, c’est ce que les privilégiés ne pouvaient comprendre. Ils en restaient stupéfaits, hors d’eux-mêmes… Les paysans, qui avaient commencé par la violence, continuaient maintenant par l’autorité de la loi. C’était la loi qui nivelait, qui jetait bas les barrières, brisait le poteau seigneurial, biffait l’écusson, qui par toute la France ouvrait la chasse aux gens armés. Tous armés, tous chasseurs, tous nobles !… Et cette loi qui semblait anoblir le peuple, désanoblir la noblesse, des nobles l’avaient votée !

Si le privilège périssait, les privilégiés, nobles et prêtres, aimaient mieux périr ; ils s’étaient depuis longtemps identifiés, incorporés à l’inégalité, à l’intolérance. Plutôt mourir cent fois que de cesser d’être injustes !… Ils ne pouvaient rien accepter de la Révolution, ni son principe, écrit dans sa Déclaration des droits, ni l’application du principe, dans sa grande charte sociale du 4 août. Quelque peu de volonté qu’eût le roi, ses scrupules religieux le mettaient de leur parti et garantissaient son obstination. Il eût accepté peut-être la diminution du pouvoir royal ; mais la dîme, chose sainte, mais la juridiction du Clergé, son droit d’atteindre les délits secrets, méconnue par l’Assemblée, la liberté des opinions religieuses proclamée, c’est ce que le prince timoré ne pouvait admettre.