Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/369

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On pouvait être sûr que, de lui-même et sans avoir besoin d’impulsion extérieure, Louis XVI repousserait, du moins essayerait d’éluder la Déclaration des droits et les décrets du 4 août

De là jusqu’à le faire agir, combattre, il y avait loin encore. Il avait horreur du sang. On pouvait le placer dans telle circonstance qui lui imposât la guerre, mais l’obtenir directement, en tirer de lui la résolution, l’ordre, on ne pouvait y songer.

La reine n’avait point d’appui à attendre de son frère Joseph, trop occupé de sa Belgique. De l’Autriche elle ne recevait que des conseils, ceux de l’ambassadeur, M. de Mercy-Argenteau. Les troupes n’étaient pas sûres. Ce qu’elle avait, c’était un très grand nombre d’officiers de marine et autres, des régiments suisses, allemands. Elle avait, pour principale force, un excellent noyau d’armée, vingt-cinq ou trente mille hommes, à Metz et autour, sous un officier dévoué, énergique, qui avait fait preuve d’une grande vigueur, M. de Bouillé. Il avait maintenu ces troupes dans une discipline sévère, dans l’éloignement et le mépris du bourgeois, de la canaille.

L’avis de la reine fut toujours de partir, de se jeter dans le camp de M. de Bouillé, de commencer la guerre civile.

N’y pouvant décider le roi, que restait-il, sinon d’attendre, d’user Necker, de le compromettre, d’user Bailly, La Fayette, de laisser faire le désordre, l’anarchie, de voir si le peuple, qu’on supposait obéir à des impulsions étrangères, ne se lasserait pas de