Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 1.djvu/391

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le rend admirable, c’est que, malgré les nuances, il y a presque unanimité. Sauf un seul journal qui tranche, la presse offre l’image d’un vaste concile, où chacun parle à son tour, où tous sont préoccupés du but commun, évitent toute hostilité.

La presse, à ce premier âge, luttant contre le pouvoir central, a généralement la tendance de fortifier les pouvoirs locaux, d’exagérer les droits de la commune contre l’État. Si l’on pouvait déjà employer le langage du temps qui va venir, on dirait qu’à cette époque tous semblent fédéralistes. Mirabeau l’est tout autant que Brissot ou La Fayette. Cela va jusqu’à admettre l’indépendance des provinces, si la liberté devient impossible pour la France entière. Mirabeau se résignerait à être comte de Provence ; il le dit en propres termes.

Avec tout cela, la presse qui lutte contre le roi est généralement royaliste. « Nous n’étions pas alors, dit plus tard Camille Desmoulins, dix républicains en France. » Il ne faut pas se méprendre sur la portée réelle de tel ou tel mot hardi. En 1788, le violent d’Espreménil avait dit : « Il faut débourbonnailler la France. » Mais c’était seulement pour faire roi le Parlement.

Mirabeau, qui devait épuiser toutes les contradictions, fit traduire, imprimer sous son nom en 1789, au moment même où il prenait la défense de la royauté, le violent petit livre de Milton contre les rois. Ses amis le supprimèrent.

Deux hommes prêchaient la république : l’un