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II

DE L’ANCIENNE MONARCHIE



I


Dès 1300, je vois le grand poète gibelin qui, contre le pape, affermit, élève au niveau du soleil le colosse de César. L’unité, c’est le salut ; un monarque, un seul pour la terre. Puis, suivant à l’aveugle sa logique austère, inflexible, il établit que plus ce monarque est grand, plus il est tout, plus il est dieu, et moins on doit craindre qu’il abuse jamais de rien. S’il a tout, il ne désire point ; encore moins, peut-il envier, haïr… Il est parfait, il est parfaitement, souverainement juste ; il gouverne précisément comme la justice de Dieu.

Voilà la base de toutes les théories qu’on a depuis entassées pour appuyer ce principe : l’unité, et le résultat supposé de l’unité : la paix… Et depuis nous n’avons eu presque jamais que des guerres.

Il faut creuser plus bas que Dante, découvrir et regarder dans la terre la profonde assise populaire où fut bâti le colosse.