Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/105

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devoir rendre celle-ci moins favorable à l’Autriche. Ce fut alors cependant qu’elle décida le roi à donner les millions que Joseph II voulait extorquer des Hollandais.

En 1789, la reine avait trois confidents, trois conseillers : Vermond, toujours Autrichien, Breteuil, non moins Autrichien, enfin l’ambassadeur d’Autriche, M. de Mercy-Argenteau. Derrière ce vieux Mercy, il faut voir celui qui le pousse, le vieux prince de Kaunitz, ministre septuagénaire de la monarchie autrichienne ; ces deux fats ou ces deux vieilles, qui semblaient tout occupées de toilettes et de bagatelles, menaient la reine de France.

Funeste direction, dangereuse alliance. L’Autriche était alors dans une situation si mauvaise que, loin de servir Marie-Antoinette, elle ne pouvait lui être qu’un obstacle pour agir, un guide pour agir mal, la pousser à toute démarche absurde que pourrait demander l’intérêt autrichien.

Cette catholique et dévote Autriche, s’étant faite à moitié philosophe sous Joseph II, avait trouvé moyen de n’avoir personne pour elle. Contre elle se tournait sa propre épée, la Hongrie. Les prêtres belges lui avaient enlevé les Pays-Bas, avec l’encouragement des trois puissances protestantes, Angleterre, Hollande et Prusse. Et pendant ce temps, que faisait l’Autriche ? Elle tournait le dos à l’Europe, se promenait dans les déserts des Turcs, usait ses meilleures armées au profit de la Russie. L’Empereur ne se portait pas mieux que l’Empire.