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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/106

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Joseph II était poitrinaire. Il mourait désespéré. Il avait montré, dans l’affaire de Belgique, une variation déplorable, d’abord des menaces furieuses de tuer, brûler, des exécutions barbares qui firent l’horreur de l’Europe, puis (le 25 novembre) amnistie illimitée, dont personne ne voulut.

L’Autriche eût été perdue si la Révolution de Belgique eût trouvé appui dans la Révolution de France[1].

Ici tout le monde pensait que les deux révolutions allaient agir d’ensemble et marcher du même pas. Le plus brillant de nos journalistes, Camille Desmoulins, avait, sans attendre, uni en espoir les deux sœurs, intitulant son journal : Révolutions de France et de Brabant.

La difficulté à cela, c’est que l’une était une révolution de prêtres, et l’autre de philosophes.

Les Belges, sachant cependant qu’ils ne pouvaient pas compter sur leurs protecteurs les trois puissances protestantes s’adressèrent à nous. L’homme du clergé des Pays-Bas, le grand agitateur de la tourbe catholique, Van der Noot, ne se fit pas scru-

  1. Un mouvement vigoureux, même de contre-révolution, pouvait lui porter préjudice. Si nos évêques, par exemple, étaient aidés par le roi dans leurs tentatives, s’ils obtenaient quelque avantage, leur succès encourageait les prélats belges, qui avaient chassé l’Autriche. Elle trouvait son compte, pour le moment, à se faire modérée, libérale même, pour se rattacher les progressistes belges, dont le libéralisme modéré se rapprochait beaucoup des idées de La Fayette. Si La Fayette eut donné la main à ses progressistes, ils auraient repoussé à coup sûr la main de l’Autriche, préféré l’appui de la France. Donc l’intérêt autrichien était que rien ne se fît chez nous, ni dans un sens, ni dans l’autre.