Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/155

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avait d’ailleurs d’autres vues, d’autres espérances, fort éloignées du Clergé.

On répondit, au nom du roi, que, si la protestation était apportée aux Tuileries, elle ne serait point reçue.

On a vu combien le roi, en février avait découragé Bouillé, les officiers, la Noblesse. En avril, son refus de soutenir le Clergé lui ôterait le courage, s’il pouvait jamais le perdre, lorsqu’il s’agit de ses biens. Maury dit avec fureur qu’on saurait en France dans quelles mains se trouvait la royauté.

Restait d’agir sans le roi. Agir avec la Noblesse ? Et pourtant le Clergé ne pouvait non plus. compter beaucoup sur son secours. Elle avait encore tous les grades ; mais, n’étant pas sûre du soldat, elle craignait l’explosion, elle était moins impatiente, moins belliqueuse que les prêtres. L’agent du Clergé à Nîmes, Froment, quoiqu’il eût obtenu un ordre du comte d’Artois, ne pouvait décider le commandant de la province à lui ouvrir l’arsenal. L’affaire pressait cependant. Les grandes fédérations du Rhône avaient enivré le pays. Celle d’Orange, en avril, mit le comble à l’enthousiasme. Avignon ne se souvint plus qu’elle appartenait au pape, elle envoya à Orange, avec toutes les villes françaises. Encore un moment, et elle échappait. Si Avignon, si Arles, si les capitales de l’aristocratie et du fanatisme, dont on menaçait toujours, devenaient elles-mêmes révolutionnaires, la contre-révolution, serrée d’ailleurs par Marseille et