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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/181

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Quant à l’évêque Grégoire, resté à la Convention pendant toute la Terreur, seul sur son banc, dans sa robe violette, personne n’osant s’asseoir près de lui, il a laissé la mémoire du plus ferme caractère qui peut-être ait paru jamais.

Ces hommes intrépides et purs n’en furent pas moins la tentation suprême de la Révolution. Ils la poussèrent à ce tort grave d’organiser l’Église chrétienne sans croire au christianisme.

Sous leur influence, sous celle des légistes qui les suivaient sans le bien voir, l’Assemblée, généralement incrédule et voltairienne, se figura qu’on pouvait toucher à la forme sans changer le fond. Elle donna ce spectacle étrange d’un Voltaire réformant l’Église, prétendant la ramener à la rigueur apostolique.

À part l’incurable défaut de cette origine suspecte, la réforme était raisonnable ; on pouvait l’appeler une charte de délivrance pour l’Église et le Clergé.

L’Assemblée veut que désormais le Clergé soit l’élu du peuple, affranchi du Concordat, du pacte honteux où deux larrons, le roi, le pape, s’étaient partagé l’Église, avaient tiré sa robe au sort ; — affranchi, par l’élévation du traitement régulier, de l’odieuse nécessité d’exiger le casuel, la dîme, de rançonner le peuple ; — affranchi des passe-droits, des petits abbés de cour qui, des boudoirs et des alcôves, sautaient à l’épiscopat ; — quitte enfin de tous les mangeurs, des ventrus, des cages ridicules à empaler des chanoines. — Une meilleure division des dio-