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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/206

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l’armée désorganisée, les États, les parlements démolis, le clergé démantelé, la noblesse rasée tout à l’heure. L’Assemblée elle-même, la grande puissance apparente, ordonnait plus qu’elle n’agissait ; c’était une tête sans bras. Elle eut quarante-quatre mille mains dans les municipalités. Elle se remit presque de tout aux douze cent mille magistrats municipaux.

Ce nombre immense était une grande difficulté d’action ; mais, comme éducation d’un peuple, comme initiation à la vie publique, c’était admirable. Renouvelée rapidement, la magistrature devait bientôt, dans beaucoup de localités, épuiser la classe où elle se recrutait (les quatre millions de propriétaires ou locataires à trois livres d’impôt). Il fallait, c’était une belle nécessité de cette grande initiation, il fallait créer une classe nouvelle de propriétaires. Les paysans du clergé, de l’aristocratie, exclus d’abord de l’élection comme clients de l’Ancien-Régime, allaient maintenant, comme acquéreurs des biens mis en vente, se trouver propriétaires, électeurs, magistrats municipaux, assesseurs de juges de paix, etc., et, comme tels, devenir les plus solides appuis de la Révolution.