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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/24

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pour les points essentiels moralement, les grands résultats sont inscrits dans la conscience du peuple ; mais de rétablir la chaîne des faits, des idées, d’où sortirent ces résultats : « Je ne vous demande pas, dit-elle, que vous me fassiez mes croyances, me dictiez mes jugements ; c’est à vous de les recevoir et de vous y conformer. Le problème que je vous propose, c’est de me dire comment j’en vins à juger ainsi… J’ai agi et j’ai jugé ; tous les intermédiaires entre ces deux choses ont péri dans ma mémoire. À vous de deviner, mes Mages ! Vous n’y étiez pas, et j’y fus. Eh bien, je veux, je commande que vous me racontiez ce que vous n’avez pas vu, que vous m’appreniez ma pensée secrète, que vous me disiez au matin le songe oublié de la nuit. »

Grande mission de la science, et quasi divine ! Elle n’y suffirait jamais si elle n’était que science, que livres, plumes et papier. On ne devine une telle histoire qu’en la refaisant d’esprit et de volonté, en la revivant, en sorte que ce ne soit pas une histoire, mais une vie, une action. Pour retrouver et raconter ce qui fut dans le cœur du peuple, il n’y a qu’un seul moyen, c’est d’avoir le même cœur.

Un cœur grand comme la France !… L’auteur d’une telle histoire, si elle est jamais réalisée, sera, à coup sûr, un héros.

Quel admirable équilibre de justice magnanime se trouvera dans ce cœur ! Quelles sublimes balances d’or !… Car, enfin, il lui faudra, dans la grande justice populaire, qui décide en général, mesurer aux