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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/257

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chine moderne, la presse, l’instrument de la liberté tourné contre la liberté. L’accélération terrible que cette machine prit au dix-huitième siècle, cette rapidité foudroyante, qui vous lance feuille sur feuille, sans laisser le temps de penser, d’examiner, de se reconnaître, elle fut au profit du mensonge ;

2o Le mensonge fut bien mieux approprié aux imbécillités diverses, sortant de deux officines, préparé par deux ouvriers, par deux procédés différents : l’ancien, le nouveau, la fabrique catholique et despotique, la fabrique anglaise, soi-disant constitutionnelle.

C’est là ce qui différencie profondément le monde moderne et balance tous ses progrès. C’est d’avoir deux hypocrisies ; le Moyen-âge n’en eut qu’une, nous, nous en possédons deux : hypocrisie d’autorité, hypocrisie de liberté, d’un seul mot : le prêtre, l’Anglais, les deux formes de Tartufe.

Le prêtre agit principalement sur les femmes et le paysan, l’Anglais sur les classes bourgeoises.

Ici un mot du prêtre, pour expliquer seulement ce que nous avons dit ailleurs.

La vieille fabrique de mensonge recommence en 1789 par tous les moyens à la fois. D’une part, comme autrefois, la diffusion secrète par le confessionnal, le mystère entre prêtre et femme, la publicité à voix basse, les demi-mots à l’oreille. D’autre part, une presse frénétique, qui peut risquer bien plus que l’autre, parce que, remettant ses feuilles en dessous à des mains sûres, aux simples et crédules