Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/31

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révolutionnaires qu’ils reproduisent, ils y suppléent, en collant, devant, derrière, des préfaces ou postfaces qui n’y ont aucun rapport. Là, sans preuves, ils affirment que telle fut l’idée secrète des grands acteurs historiques, de tel homme, de tel parti : ils ont pensé ceci, cela ; ils n’en ont rien dit, il est vrai, mais ils auraient dû le dire.

Ou bien, s’ils trouvent un secours, quelques mots qu’ils puissent, en les forçant, détourner à leur profit, c’est dans le camp ennemi qu’ils vont les chercher. Donnons ici un exemple de cette étrange méthode.

L’affaire Réveillon, tout artificielle, comme le dit très bien Barère, affaire visiblement organisée par la cour pour empêcher les élections, décider le roi à ajourner les États généraux, ils en font une question toute semblable à celles qui nous occupent aujourd’hui : c’est le peuple contre les bourgeois. Et, pour relever ce prétendu peuple, ils affirment hardiment qu’on ne pilla rien chez Réveillon, qu’il le dit ainsi lui-même. Pour les meubles, cela est vrai ; on n’aurait pu les emporter ; la foule était serrée, compacte, et les spectateurs honnêtes se seraient certainement déclarés contre les pillards. Mais, pour ce qu’on put emporter, pour l’argent, on l’emporta ; c’est Réveillon qui, dans sa déposition, le témoigne expressément[1].

  1. « Il y avait à côté 500 louis d’or, qui m’ont été volés aussi. » (Exposé justificatif du sieur Réveillon, réimprimé à la fin du premier volume de Ferrières, p. 422, éd. 1822.)