Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/32

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Il est étrange que l’Histoire parlementaire invoque son témoignage pour lui faire dire tout juste le contraire de ce qu’il dit.

Où puise-t-elle son récit ? Dans l’Ami du Roi. — Vous croyez, d’après ce titre, qu’il s’agit du journal contemporain, racontant un fait de la veille. Nullement. Il s’agit ici d’une histoire écrite par Montjoye, deux ans après, « pour former, avec le journal l’Ami du Roi, un corps complet d’histoire ». Il n’y a jamais eu un plus effroyable amas de mensonges que ce livre de Montjoye, jusqu’à raconter que Mirabeau était là, dans l’affaire Réveillon, pour pousser l’émeute !… L’ouvrage, en général, est un recueil très complet de tout ce qu’on avait pu imaginer en fait de calomnies absurdes. Vous retrouverez là, entre autres choses, le roman de la République calviniste, travaillant la Révolution pendant trois cents ans, exactement comme on l’a lu dans la brochure originale de Froment en 1790.

La tactique très perfide des royalistes et des prêtres à cette époque était d’exploiter les souffrances infinies du peuple, d’en accuser la Révolution, de dire que tout au moins elle n’y pouvait rien changer.

Les évêques (juin 1789) apportent hypocritement du pain noir dans l’Assemblée : « Messieurs, voyez le pain du peuple… Ayez pitié du pauvre peuple… » Et Montjoye ajoute en cadence : « Qu’importent ces élections ? Le pauvre sera toujours pauvre. » — C’est-à-dire qu’une révolution qui, par le fait, supprimait l’octroi des villes, qui délivrait le paysan de