Aller au contenu

Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/317

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Point de mouvements ; en pleine guerre (comme on se sentait déjà), cela n’était pas naturel. En réalité, il y avait deux mouvements immenses.

Premièrement le roi dénonçait la France aux rois.

Deuxièmement contre la conspiration ecclésiastique-aristocratique s’organisait fortement la conjuration jacobine.

Le trait saillant de l’époque, c’est la multiplication des clubs, l’immense fermentation de Paris spécialement, telle qu’à tout coin de rue s’improvisent des assemblées. Le brillant et monotone Paris de la paix ne donne guère d’idée de celui d’alors. Replongeons-nous un moment dans ce Paris agité, bruyant, violent, sale et sombre, mais vivant, plein de passions débordantes.

Nous devons bien cet égard au premier théâtre de la Révolution, de faire la première visite au Palais-Royal. Je vous y mène tout droit ; j’écarte devant vous cette foule agitée, ces groupes bruyants, ces nuées de femmes vouées aux libertés de la nature. Je traverse les étroites galeries de bois, encombrées, étouffées, et, par ce passage obscur, où nous descendons quinze marches, je vous mets au milieu du cirque.

On prêche ! Qui s’y serait attendu, dans ce lieu, dans cette réunion, si mondaine, mêlée de jolies femmes équivoques ?… Au premier coup d’œil, on dirait d’un sermon au milieu des filles… Mais non, l’assemblée est plus grave, je reconnais nombre de gens de lettres, d’académiciens ; au pied de la tribune, j’aperçois M. de Condorcet.