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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/38

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Nul système n’est là plus barbarement estropié que la pauvre Révolution.

Pour donner quelque vraisemblance à cette confusion incroyable qui identifie l’âge de liberté avec l’âge d’autorité, la tyrannie spirituelle, il leur a fallu placer le premier dans ce qui fut le moins lui-même, dans ce qui fut le moins libre, dans ce que la Révolution offre d’analogue aux barbaries du Moyen-âge. La Révolution, selon eux, apparaît précisément dans ses ressemblances avec le système contre lequel depuis des siècles se faisait la Révolution. Née, grandie dans l’indignation légitime qu’inspirait la Terreur de l’Inquisition, elle triomphe enfin, elle éclate, révèle son libre génie, et son génie ne serait autre que la Terreur de 1793 et l’Inquisition jacobine ?

Satire amère de la Révolution ! Qu’elle déclame cinq cents ans contre le Moyen-âge, et qu’arrivée à son jour, sommée par la nécessité de montrer ce qu’elle est, ce qu’elle veut, elle ne montre rien en soi qu’une impuissante déduction du Moyen-âge, qu’une imitation servile de ses procédés barbares, barbarie plus choquante encore, lorsqu’elle se représente, en plein dix-huitième siècle, après Rousseau et Voltaire.

Si cette théorie est bonne, le Moyen-âge a vaincu. Comme terreur, il est supérieur, ayant, par delà les supplices éphémères, les tourments de l’éternité. Comme Inquisition, il est supérieur, connaissant d’avance l’objet sur lequel porte son enquête, ayant