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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/408

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La presse comptait de bons esprits, hardis, mais élevés, humains, vraiment politiques. Pourquoi suivirent-ils Marat ?

Dans la situation infiniment critique où était la France, n’ayant ni la paix ni la guerre, ayant au cœur cette royauté ennemie, cette conspiration immense des prêtres et des nobles, la force publique se trouvant justement aux mains de ceux contre qui on devait la diriger, quelle force restait à la France ? Nulle autre, ce semble, au premier coup d’œil, que la Terreur populaire ? Mais cette terreur avait un effroyable résultat : en paralysant la force ennemie, écartant l’obstacle actuel, momentané, elle allait créant toujours un obstacle qui devait croître et nécessiter l’emploi d’un nouveau degré de Terreur.

Il eut fallu un grand accord de toutes les énergies du temps, tel qu’on pouvait l’espérer difficilement d’une génération si mal préparée pour organiser un pouvoir national vraiment actif, une justice redoutée, mais juste, pour être fort sans Terreur, pour prévenir par conséquent la réaction de la pitié qui a tué la Révolution.

Les hommes dominants de l’époque différaient, dans le principe, bien moins qu’on ne croit. Le progrès de la lutte élargit la brèche entre eux, augmenta l’opposition. Chacun d’eux, à l’origine, aurait eu peu à sacrifier de ses idées pour s’entendre avec les autres. Ce qu’ils avaient à sacrifier surtout, et ce qu’ils ne purent jamais, c’étaient les tristes passions que l’Ancien-Régime avait enracinées en eux : dans