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Page:Michelet - OC, Histoire de la Révolution française, t. 2.djvu/466

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tion d’humanité. Son discours, supérieur en tout sens au petit discours académique que Robespierre prononça aussi contre la peine de mort, n’eut pourtant aucun écho. Personne ne remarqua ces paroles, où l’on n’entrevoit que trop un sombre pressentiment : « Depuis qu’un changement continuel dans les hommes a rendu presque nécessaire un changement dans les choses, faisons au moins que les scènes révolutionnaires soient le moins tragiques… Rendons l’homme respectable à l’homme ! »

Grave parole, qui malheureusement n’avait que trop d’à-propos. L’homme, la vie de l’homme, n’étaient déjà plus respectés. Le sang coulait. La guerre religieuse commençait à éclater.

Dès la fin de 1790, la résistance obstinée du clergé à la vente des biens ecclésiastiques avait mis les municipalités dans l’embarras le plus cruel. Elles répugnaient à sévir contre les personnes, s’arrêtaient devant cette force d’inertie qui leur était opposée ; d’inertie plutôt apparente, car le clergé agissait très activement par le confessionnal et la presse, par la diffusion des libelles. Il répandait, spécialement en Bretagne, le livre atroce de Burke contre la Révolution.

Entre les municipalités timides, inactives, et le clergé insolemment rebelle, la nouvelle religion périssait vaincue. Partout les sociétés des Amis de la constitution furent obligés de pousser les municipalités, d’accuser leur inaction, au besoin d’agir à leur place. La Révolution prenait ainsi un redoutable